Les commandes présentes dans cet article sont inoffensives pour votre serveur, à l’exception des commandes pour gérer les partitions.
Globalement les commandes utilisées permettent soit de récupérer des informations systèmes ou soit de demander au noyau Linux de rafraîchir ses informations sur les matériels connectés.
La phase la plus critique est celle de l’ajout du disque ou de l’extension de disque faite sur le serveur ou l’hyperviseur.
Par conséquence il est vivement recommandé de réaliser des tests en environnement de qualification avant de réaliser ces mêmes changements en production. Nous ne pourrons être tenu responsable de vos actions si des conséquences néfastes sur votre production ont eu lieu.
Bien que cette mise en garde puisse vous effrayer, le rédacteur n’a pour le moment jamais rencontré de cas de crash ou de perte de données lors des actions expliquées plus tard.
En général ces opérations sont réalisées sur des serveurs qui doivent assurer un service continu et dont un arrêt, même court, n’est pas envisageable.
Et pourquoi sont-elles réalisées ? Cela dépend des besoins de chacun : arriver prochaine à saturation d’un disque, mise à niveau avec des disques plus véloces, restructuration des données sur plusieurs disques, etc.
Assurez-vous que votre matériel supporte l’ajout de disque à chaud ou que votre superviseur supporte cette fonctionnalité.
Si vous souhaitez étendre un disque d’une VM il est préférable de le faire sans aucun snapshots, par conséquent la présence d’une sauvegarde récente et fonctionnelle de la VM est fortement recommandée.
Les commandes indiquées pour l’ajout d’un nouveau disque ne sont valides que pour des contrôleurs SCSI.
Les sections suivantes supposent que l’action d’ajout ou d’extension de disque a déjà été réalisée et que la VM n’a pas automatiquement mis à jour ses informations matérielles.
Les commandes indiquées nécessitent pour la plupart les droits super-utilisateur. Vous pouvez au choix vous connecter en tant que root ou bien utiliser
sudo
s’il est configuré.
Avant d’effectuer la première action sur le système vérifiez que le disque n’a pas été reconnu automatiquement sans actions particulières grâce à la commande :
lsblk
Les disques sont communément notés sdX où X est une lettre pour identifier le disque. A savoir que le préfixe sd indique un type de disque avec contrôleur SCSI qui cache un disque SATA, SCA, SAS ou Fibre Channel pour les plus connus.
Les contrôleurs IDE remontent avec le préfixe hd et les disques virtuels de VirtIO remontent avec le préfixe vd.
Après avoir vérifier que le nouveau disque est bien absent il vous faut lister les différents hôtes d’adaptateur de bus (en anglais Host Bus Adapter souvent abrégé en HBA). La commande suivante permet de lister tous les HBA :
ls /sys/class/scsi_host/
Normalement vous devriez au moins avoir un HBA noté host0. Si d’autres sont présents le chiffre de fin est incrémenté.
Il est temps de demander au système de scanner les différents HBA pour récupérer des informations actualisées avec le disque ajouté :
echo "- - -" > /sys/class/scsi_host/host<NUMERO DU HBA>/scan
La commande peut être exécutée sur tous les HBA sans aucun risque, de cette manière vous aurez à coup sûr scanner le bon HBA contenant votre nouveau disque.
N’oublier pas de remplacer <NUMERO DU HBA> par un des numéros existants pour les hostX listés avec la commande
ls /sys/class/scsi_host/
.
A ce stade la commande lsblk
doit maintenant vous remonter votre nouveau disque !
Il n’y a pas d’autres solutions connues du rédacteur mais il est possible de réaliser les commandes précédentes de manière automatique en scannant l’entièreté des HBA avec le script bash suivant :
for HBA in `ls /sys/class/scsi_host/`
do
echo "- - -" > /sys/class/scsi_host/$HBA/scan
done
L’écriture pouvant être raccourcie sur une ligne unique :
for HBA in `ls /sys/class/scsi_host/`; do echo "- - -" > /sys/class/scsi_host/$HBA/scan; done
La commande commençant par echo "- - -"
demandait au noyau d’analyser l’entièreté d’un HBA et ceci grâce au contenu inscrit dans le fichier scan : « - - - ». Cette indication est un wildcard pour signifier de scanner tous les dispositifs connectés au HBA.
Les dispositif sont identifiés par un ID de la forme H:C:T:L où :
La commande echo
indiquait au HBA, identifié par son numéro, de scanner l’ensemble des « C T L », mais nous pouvons affiner le scan en précisant un ID pour chacun, ou certains d’entre eux, à la place du « - » interprété comme un Wildcard.
La commande suivante permet de récupérer les ID HCTL des différents dispositifs rattachés :
lsblk -S
Si vous aviez déjà plusieurs disques connectés et visibles du système vous auriez pu deviner l’ID des nouveaux périphériques remontés. Avec cet ID vous auriez pu faire un scan précis sur le nouveau disque plutôt que de demander de scanner l’entièreté des dispositifs connectés au HBA.
Par exemple sous Hyper-V est généralement présent un contrôleur SCSI où un disque dur et un lecteur CD sont connectés (pour des VM de génération 2). Le disque dur à pour ID 0:0:0:0 et le lecteur CD 0:0:0:1. Ces ID confirment bien que les deux périphériques ont été connectés sur le même HBA et qu’en plus ils utilisent le même canal et la même cible.
Lorsque j’ajoute un nouveau disque au contrôleur je peux sélectionner l’emplacement du dispositif qui correspond au LUN. Si le disque est ajouté dans l’emplacement 10, c’est-à -dire le LUN 10, alors il me suffirait de lancer la commande suivante pour remonter le disque dans la VM :
echo "0 0 10" > /sys/class/scsi_host/host0/scan
L’extension de disque ne pouvant être fait qu’avec une VM les informations suivantes ne tiendront absolument pas compte des machines physiques.
Pour demander au noyau Linux de rescanner votre disque afin que le système mette à jour sa capacité disque tout ce qu’il vous faut connaître est le nom du disque dans Linux.
La plupart du temps les disques sont nommés sdX où X est une lettre de l’alphabet. Par contre ils sont toujours présent dans /dev/.
Pour lister les disques de la machine la commande suivante peut être utilisée :
lsblk
A noter que la commande
lsblk
va lister tous les dispositifs block du système, le lecteur de disque pourra lui aussi apparaître, probablement sous l’appellation sr0.
Si plusieurs disques sont remontés, tentez d’identifier le disque ayant reçu l’extension via son ancienne capacité disque.
Une fois le disque identifié la commande suivante est à exécuter pour demander au noyau de rescanner le disque :
echo 1 > /sys/class/block/sd<LETTRE DU DISQUE>/device/rescan
N’oubliez pas de remplacer <LETTRE DU DISQUE> par la lettre de votre disque sinon la commande retournera une erreur.
Si vous n’avez pas réussi à identifier votre disque vous pouvez utiliser la commande précédente sur l’ensemble de vos disques.
Suite à cette action votre disque doit maintenant être vu avec sa nouvelle capacité (vous pouvez le voir avec lsblk
ou fdisk -l
). Il ne vous reste plus qu’à utiliser ce nouvel espace disque. Ci-dessous sont indiqués deux cas de figure pouvant être rencontré pour l’extension de disque.
Les informations suivantes ne seront valides que si le PV LVM prend en compte l’entièreté du disque et non pas une partition présente sur le disque.
Référez-vous aux informations fournies parpvdisplay
pour vérifier ce prérequis.
L’extension du PV LVM suite à l’extension du disque est très simple et réside en une commande unique :
pvresize /dev/sd<LETTRE DU DISQUE>
Suite à cette commande vous pourrez vérifier que LVM vous a bien réalloué de nouveaux PE. Il ne vous restera plus qu’à profiter de cette extension de stockage pour étendre des LV existants ou pour en créer de nouveaux.
L’extension d’un PV va automatiquement étendre le VG qui y est rattaché !
Les commandes suivantes peuvent détruire votre système si vous ne comprenez pas ce que vous faites et que vous le réalisez mal. Les actions sur les partitions n’est pas une opération anodine et peuvent encore être plus dommageable s’il s’agit de la partition système.
Entrainez-vous au préalable sur des environnements de tests.
L’extension d’une partition n’est possible que si de la place est disponible après la partition. Cette section ne va couvrir uniquement l’extension de partition et non le déplacement d’une partition.
Du fait que le disque a été étendu il est fort probable que les partitions occupaient l’entièreté de l’espace disponible, l’opération d’extension de partition ne sera possible que sur la dernière partition.
Pour lister vos partitions vous pouvez utiliser les commandes suivantes (en remplaçant <LETTRE DU DISQUE> par la lettre du disque ayant été étendu) :
lsblk -f /dev/sd<LETTRE DU DISQUE>
Ou bien :
fdisk -l /dev/sd<LETTRE DU DISQUE>
Les partitions d’un disque reprennent le nom du disque et y ajoute un chiffre derrière, sdXY où :
La dernière partition n’est pas forcément celle ayant le chiffre le plus élevé !
Le numéro d’une partition pouvant être défini manuellement lors du partitionnement du disque il faut donc prendre la partition apparaissant en dernière dans la liste.
Pour étendre la dernière partition il va falloir réaliser les actions suivantes :
Afin de réaliser ces opérations les commandes suivantes utiliseront fdisk
. Pour récupérer le secteur de démarrage de la partition c’est la commande précédemment indiquée qui nous sera utile, l’information étant affichée en deuxième colonne, « Début » ou « Start » :
fdisk -l /dev/sd<LETTRE DU DISQUE>
La création d’une nouvelle partition avec un secteur de démarrage différent aura pour effet de corrompre votre système de fichier !
Tout comme le fait de définir un secteur de fin inférieur au secteur de fin originel !
Il faut maintenant éditer les partitions du disque grâce à la commande :
fdisk /dev/sd<LETTRE DU DISQUE>
Avec la commande suivante c’est maintenant la CLI de fdisk
qui se présente à vous. Il faudra réaliser la actions suivantes dans l’ordre indiqué :
fdisk
vous demande si vous souhaitez supprimer la signature du système de fichier, si tel est le cas répondez non.fdisk
.Si à tout moment vous pensez avoir fait une erreur alors n’utiliser pas la dernière commande
w
maisq
pour quitter sans appliquer les changements.
L’extension de la partition étant gérée il ne reste plus qu’à étendre le système de fichier qui y est contenu.
Cette section ne sera valable que pour des systèmes de fichiers ext 2, 3 ou 4, celles-ci étant encore largement utilisées par défaut sur les machines Linux.
Si la partition est bien formatée en ext alors la commande suivante pourra étendre le système de fichier jusqu’à occuper l’entièreté de la partition :
resize2fs /dev/sd<LETTRE DU DISQUE>
Rédacteur Lucas MEYER